L’ alimentation du musicien

SANTÉ

Maintenant que la gastronomie française est devenue patrimoine de l’Unesco, devons-nous rappeler l’importance de l’alimentation dans notre métier de musicien? Voici quelques conseils.

Suivant les différentes étapes de notre parcours ou de nos objectifs, examens, auditions, concours et concerts, nous pourrions ou nous devrions, comme les athlètes, avoir le soutien soit d’un nutritionniste (médecin diplômé en nutrition) soit d’un diététicien (technicien de l’alimentation). En attendant ce jour où nous serons enfin considérés comme des sportifs de haut niveau, posons-nous, si possible avec bon sens, quelques questions.

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Un exemple : le régime habituel d'un étudiant

Jean-Pierre est étudiant dans un conservatoire supérieur. Il prend son petit déjeuner vite fait à la maison, se rend cinq fois par semaine à un self, et, le soir, mange des pâtes car son budget nourriture est plutôt réduit: il préfère économiser pour aller au concert. Avant les auditions ou les examens, son niveau de stress monte, il ne peut alors s’empêcher de grignoter. Bref, ce qui est important pour son alimentation, c’est, dit-il, que «cela ne me prenne pas trop de temps et que ce ne soit pas cher» .

Au terme de quelques années de ce régime, quel en sera l’impact sur ses études ?

Le hasard et la génétique seront peut-être bienveillants avec lui mais rien n’est moins sûr. Fait-on , dans les cantines des conservatoires, une distinction d’alimentation entre les élèves et les professeurs, les adolescents et les adultes, les hommes et les femmes? Les produits sont-ils de première fraîcheur, sans OGM, sans pesticides, sans colorants ? Arrivent-ils dans l’assiette par un circuit court ou les plats sont-ils “faits maison ”? Les portions sont-elles adaptées en fonction des activités ou chacun fait-il comme bon lui semble?

Si vous êtes étudiant aujourd’hui, concertiste, professeurs ou instrumentiste d’orchestre demain, il vous revient la responsabilité de faire vos choix alimentaires en toute conscience.

Oui, mais quels sont critères à retenir pour une bonne alimentation ?

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Les contraintes alimentaires du musicien

Nous avons besoin, comme les sportifs, d’être performants pendant le travail personnel, pendant les auditions et les concours, sur scène ou dans la fosse et cela, maintenant, jusqu’au moins 62 ans voir 67 ans maintenant.

Nous avons des périodes de forte activité et des périodes de repos. Nos horaires de travail sont souvent décalés, ce qui nous oblige à manger parfois à des heures indues et dans des conditions moyennes sinon déplorables. Nos bonnes habitudes alimentaires sont difficiles à maintenir, pendant les tournées par exemple.

Les critères d’âge, de sexe, de patrimoine génétique, de mode de vie, de climat, d’objectifs et de durabilité sont aussi à prendre en compte.

L’idéal d’une alimentation spécifique serait de nous maintenir en bonne santé tout au long de notre carrière, en nous évitant les problèmes invalidants pour les musiciens: tendinites, arthrites, arthrose, crampes, dystonies de fonctions, douleurs musculaires ou osseuses, surdité, acouphènes, embonpoint…

Cette alimentation pourrait également être plus “technique” à des périodes clefs de notre profession : le passage au Conservatoire, la préparation des concours internationaux et les auditions de recrutement pour les postes d’orchestres.

Ces dernières années, nous avons vu arriver beaucoup de nouveaux régimes, en particulier ceux dédiés à chaque groupe sanguin, le régime acido-basique ou encore le régime anti-inflammatoire et bien sûr pléthore de régimes amaigrissants (ces derniers, sont hors propos ici).

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Quelques exemples

Voici quelques régimes, des plus connus aux plus étonnants :

Le régime végétarien.

Ce régime non carné bien connu a pour objet non seulement l’élimination des toxines dues à la viande, mais aussi le respect de la vie animale.

Le régime macrobiotique.

Il s’articule autour des céréales complètes, du tofu, des soupes, des légumes, du poisson en petite quantité, des algues, des aromates, des condiments et des pickles, des graines et des noix, des fruits frais de région. Sont complètement exclus: la viande et les produits laitiers.

La diététique chinoise.

L’alimentation chinoise recherche l’énergie “vitale”. A retenir: la consommation importante de légumes et de fruits de saison et frais, la cuisson à la vapeur ou rapide des aliments, le soin apporté à la présentation. Les boissons sont consommées en dehors des repas.

Le régime suivant le groupe sanguin.

D’après leurs auteurs, nous aurions tous un ancêtre différent suivant notre groupe sanguin : ainsi les individus du groupe O, qui auraient des ancêtres chasseurs/cueilleurs, devraient manger essentiellement des protéines animales.

Le régime acido-basique (anti-tendinites).

Cette approche classifie les aliments en deux groupes : les substances “acides” et les substances “basiques” ou alcalines. Le but de ce régime est d'équilibrer ses repas pour obtenir un pH se rapprochant de celui du sang. Les muscles et les tendons sont très sensibles à l'acidité puisqu’eux-mêmes fabriquent en permanence de l’acide lactique. Une trop grande ingestion d'aliments acides conduit aux tendinites, tant redoutées des instrumentistes !

Le régime sans gluten.

Le gluten est un mélange de protéines contenu dans quelques céréales : blé, froment, seigle, orge, épeautre et avoine. Il peut être à l’origine d’intolérances et d'allergies. Ce régime consiste à éliminer ces céréales sources de gluten au profit du sarrasin, du riz, du millet, du mil, de l’amarante ou du sorgho.

Le régime anti-inflammatoire.

Il privilégie une alimentation presque végétarienne et une réduction à minima des d’aliments raffinés(exemple : le sucre blanc ou la farine blanche) au profit de fruits et de légumes en grandes quantités.

Le régime du docteur Seignalet.

Pour ce médecin, Les voies d’élimination principales sont le tube digestif (en particulier le colon), la peau, les bronches et la sphère ORL (nez-gorge-oreille). Tant que nous éliminons correctement, tout va bien. Si le système s’encrasse, les premiers symptômes apparaissent : douleurs musculaires, dystonie de fonction, inflammation des tendons… Il faudrait manger le plus possible d’aliments crus accompagnés d’huile biologique de première pression à froid, ainsi que des oligoéléments et des vitamines.

Ces quelques régimes représentent une petite partie des nombreux régimes alimentaires qui existent. A nous de devenir conscients et responsables de notre alimentation en perdant enfin cette illusion que notre corps peut absorber n’importe quoi, n’importe quand et en n’importe quelle quantité. A nous de trouver ce qui nous permettra de vivre en bonne santé pour pratiquer notre art, longtemps.

Une bonne alimentation peut être un outil précieux pour tout musicien soucieux de sa santé, de son confort physique et nerveux, et surtout de ses performances musicales, dans la longévité.

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Conseils pour une bonne alimentation

Prenez le temps de manger tranquillement dans un endroit calm e .

Mangez des légumes et des fruits arrivés à maturité en rapport avec la saison, issus d’une culture la plus naturelle possible.

Ayez une consommation importante de nourriture crue ou préparée avec une cuisson douce (vapeur sans pression), des huiles bios de première pression à froid, du poisson. Peu de viande et d’œufs, de produits laitiers, de produits sucrés. Peu de sel.

Un temps court de conservation et le circuit le plus court possible entre la production et l’assiette (pas de repas préparés par une grosse structure externalisée). Pratiquez une activité physique régulière.

Pensez à consulter un nutritionniste en cas de trouble alimentaire.

La Lettre du Musicien – février 2011 – n° 398