Depuis plus de 30 ans, les sportifs ont associé la préparation mentale à leur entraînement quotidien. Les sciences cognitives leur ont permis de se dépasser et même de se surpasser dans des disciplines où tout semblait figé depuis longtemps. Que pouvons-nous apprendre d'eux ? En effet, le musicien, le danseur ou le comédien est un sportif de haut niveau dans son art.
Pratiquée de manière inconsciente par beaucoup de personnes, il est assez facile de comprendre son mécanisme et de l'intégrer dans notre travail quotidien. Nous savons aujourd'hui par les découvertes des neurosciences qu'une partie du cerveau ne fait pas la distinction entre le vécu et le virtuel. Nous allons utiliser cette propriété. Comment faire ? Après avoir choisi un objectif réaliste et nous être relaxé, nous allons nous visualiser, c'est à dire nous imaginer faire les choses "comme si" avec tous nos sens présents. Une des étapes consiste à s'imaginer une fois l'objectif atteint : je sors de scène sous les applaudissements, je serre la main du jury qui me félicite, je fais la fête avec mes amis, le lis un article de journal sur ma prestation...
Une autre consiste à se visualiser quelques jours avant l'objectif. A chaque visualisation, nous pouvons sentir le stress présent qui diminue progressivement. Quand le niveau de stress est assez bas, nous pouvons nous visualiser encore plus prêt du jour J et en dernier vivre plusieurs fois notre objectif. Nous allons progressivement faire accepter à notre cerveau que les choses peuvent bien se passer. Cet exercice pourra être combiné avec un ancrage, ce qui renforcera sa puissance. Il va sans dire que ses apprentissages ne nous dispensent pas du travail technique de sa discipline !!!
Notre langage interne meuble nos pensées en permanence et la manière dont nous allons l'utiliser peut être déterminante pour notre réussite. Si je vous dis de ne pas penser à un éléphant rose, vous allez automatiquement avoir une image de cet éléphant rose avant de pouvoir éventuellement évacuer cette pensée devenue parasite. Chaque fois que nous mettons consciemment dans notre tête une pensée négative, de peur, d'échec, de malaise, de conflit, ou autre, elle va agir en nous et parasiter notre conscience. L'inconscient a lui aussi une particularité : il ignore la tournure de phrase négative. Exemple : "Et surtout ne rate pas ton examen" est très stressant et beaucoup moins productif qu'un "Fais de ton mieux". Evitons autant que faire se peut les pensées à la forme grammaticale négative et utilisons le plus possible de phrases à la forme affirmative.
Ces trois outils font partie d'un programme d'apprentissage visant à éliminer les sources de trac dans les pratiques artistiques. S'y ajoute la notion de stress car il y a souvent confusion entre stress et trac : on peut être stressé et ne pas avoir de trac mais il n'y a jamais de mauvais trac sans un état de stress. « Le trac est fondamentalement le même chez un champion et chez un débutant. La différence vient que le premier a appris à mieux le maîtriser que le second » John McEnroe.
Article publié dans le journal de la FNAPEC
1 Kinesthésique : ensemble des sensations relatives au corps.